
En début janvier, peut-être avez-vous vu aux nouvelles, que les démocrates font présentement des pressions, afin d’augmenter le salaire minimum aux États-Unis?
Le salaire minimum chez nos voisins du sud est de 7.25$/h et ce, depuis 2019. Cependant, chaque État et même chaque ville ou comté peut déterminer un taux horaire plus élevé et ce, selon le type d’emploi. En conséquence, le taux horaire minimum pour les travailleurs agricoles est passé de 16,13$ en 2023 à 18.12$ en 2024. Ce taux diffère dans chaque État et varie entre 15.79$ pour les États des plaines du sud et 19,97$ pour la Californie. Selon l’American Hort association, cela mais en péril le nombre de leurs membres et elle fait des pressions pour que le DOL’s H-2A Farmworker Protection Rule, qui dicte l’encadrement les conditions de travail des travailleurs et travailleuses agricoles, soit revu et que le salaire minimum agricole soit gelé pour 2 ans.
Les dépenses en salaire de production, pour un producteur ornemental aux États-Unis, représentent 22% des ventes. Les charges patronales sont souvent complexes et varient d’un État à l’autre, mais on peut les évaluer à 10% du salaire brut, pour une charge salariale totale de 19.93$/heure en moyenne.
Si un salaire de production à 19.93$ met en péril les entreprises américaines, comment les entreprises de ce côté-ci de la frontière, peuvent avoir l’avantage devant cette dépense indispensable?
Selon Statistiques Canada, incluant la rémunération des propriétaires, les salaires de production, en 2023, représentent 31% des ventes. La clé est dans les frais d’exploitation!
Les Américains dépensent plus en matériel de propagation végétale et de culture. Lorsque les dépenses sont ramenées en % des dépenses d’exploitation, il est donc plus facile de voir que le Canada tire avantageusement son épingle du jeu :

Donc, même si en % des ventes, les salaires des entreprises américaines sont moindres, c’est leur efficacité au niveau de la production qui les empêche de payer plus pour leur main d’œuvre. C’est l’effet pervers d’une ressource abordable. Tant que cette ressource permet de dégager des bonnes marges bénéficiaires, les entreprises ont tendance à ne pas chercher à être plus productives et optimiser cette ressource.
À la lumière de cette analyse, on peut dire que l’industrie ornementale américaine est à la croisée des chemins, afin de garder sa profitabilité, mais aussi sa compétitivité face aux importations.
Importations qui, le saviez-vous, proviennent du Canada à 100% pour les produits ornementaux avec terre? En effet, le Canada est le seul pays au monde dont les produits en pots avec terre ou en motte sont acceptés aux États-Unis.
Alors quel sera l’impact d’une augmentation de tarif de 25% sur ces produits?
La proportion de produits ornementaux québécois exportés aux États-Unis est d’environ 12%. En revanche, certains secteurs comme le cèdre sera plus touché.
L’impact le plus rapide sera sur les liquidités de l’entreprise, car ils devront démontrer qu’ils ont les liquidités pour payer les nouveaux tarifs douaniers.
Selon, les informations recueillies, certains « brokers » expliquent que l’entreprise doit mettre un montant, en dépôt de sûreté de 10% des tarifs, qui sera imposé aux États-Unis en 2024. Donc, une entreprise qui vend pour 1,6M$ aux États-Unis doit mettre en dépôt de sûreté 40K$, car 25% de 1,6M$ donne 400K$ de tarifs futurs.
Par la suite, les impacts seront multiples :
1- Diminution de la marge bénéficiaire si le producteur ne peut transférer la totalité du tarif au client américain;
2- Perte de ventes, car la hausse du prix pour amortir le frais tarifaire rendra les produits trop dispendieux;
3- Perte de compétitivité face au Mexique. Tel que démontré avant, nous sommes capables d’être avantagés face aux producteurs américains à cause de notre efficacité, mais face au Mexique c’est autre chose. Ce qui nous protège présentement, ce sont les règles américaines concernant la biosécurité;
4- Augmentation du coût des intrants en provenance des États-Unis. Notre économie va bien, donc, la Banque du Canada a diminué le taux directeur. Aux États-Unis, ce n’est pas le cas, ce qui oblige la FED (Federal Reserve System), qui est la Banque Centrale de États-Unis, à maintenir un taux directeur élevé. Résultats? Les investisseurs cherchant un rendement sûr se tournent vers les États-Unis, car les taux y sont plus élevés qu’ici. Cela rend le dollar US plus en demande, donc plus fort que le nôtre. Ainsi, si à cause des tarifs imposés par Trump, le prix des produits augmente aux États-Unis, cela aura un impact sur l’inflation. Si l’inflation augmente, la FED va augmenter son taux directeur et l’écart entre nos deux taux va s’agrandir de même que l’écart entre nos deux devises.
Selon nos discussions avec L'Association canadienne des pépiniéristes et des paysagistes (ACPP), les producteurs Canadiens seront peu impactés comparativement aux producteurs en serre.
En effet, les producteurs de fleurs en pots de l’Ontario exportent plus de 60% de leur production vers les États de l’autre côté des Grands Lacs.
Les produits ornementaux sont considérés comme un produit de luxe, que feront les Américains devant la hausse de prix des produits Canadiens? Est-ce qu’ils vont s’en passer ou se tourner vers des achats locaux?
Là est la grande question…

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